2002

I HAVE ARRIVED I AM HOME / Je suis arriver Je suis chez moi

a durational performative intervention in which I did a five hour standing/and or sitting meditation daily in the back of a cube truck, for a period of one week as part of the Dépossession project organized by Folie Culture (Ville de Québec)

Photographic credits: Denis Simard and Yvan Pageau

On the first day, (a Sunday) the folks from Folie Culture decided to park “my” truck by a playground. A gang of adolescents soon approached and tried quite hard to get me to react. After riding their bicycles up the ramp and into the truck, throwing wads of paper and rocking the trunk from both sides, they finally gave up after about 35 minutes. During that time I sat in stillness and attempted to to stay focussed on my breath while feeling into the fear and surprise without feeding it or denying it. All of the boys left then, save the youngest. Soon after their departure, he joined me in the truck and sat sharing the silence for about 20 minutes. When I left the truck at the end of the five hours he was waiting for me and said, “it is very important what you did in there.” What this meant for him and how the lesson of stillness will affect him, I do not know. What I do know and feel grateful for are the moments that I shared with him in the truck and on the street.

Another day, a man stopped and left me a tomato. This gift became the “subject” of a powerful walking, standing and eating meditation on the nature of the gift.

The following is the descriptive text and press release prepared for this project. It speaks of how the project is responsive to and engaged with some issues that are of concern to the local community and to society at large such as mental health and urban planning:

Se déroulant principalement dans l’axe de la rue Saint-Joseph, à Québec, l’événement prend pour prétexte le remodelage du centre-ville et la recomposition de son tissu social pour interroger, sur un mode métaphorique ou d’échange, les réponses institutionnelles relatives à l’occupation du territoire urbain. Folie/Culture désire susciter une réflexion sur le thème de la Dépossession, du nomadisme obligé, qui renvoie notamment à la situation vécue par de nombreuses personnes éprouvant des problèmes de santé mentale, qui se trouvent trop souvent dessaisies de leurs droits, de leur pouvoir, de leur espace et de leur milieu.

Les artistes Claudine Cotton, Isabelle Laverdière et Devora Neumark sont invitées à « habiter » des camions de déménagement qui se déplaceront au centre-ville, tandis que Les Fermières Obsédées et Christine St-Maur auront comme résidences provisoires deux vitrines de la rue Saint-Joseph. Dans ces logis éphémères, leurs interventions iront des arts visuels à l’esthétique relationnelle, parfois sur place, parfois en circulant dans la ville…

Folie/Culture veut aborder la thématique de la « dépossession » et produire un événement d’importance à Québec. Échelonné sur une période de sept jours consécutifs et réalisé par sept artistes en arts visuels, il s’articule dans la ville, autour de trois interventions interreliées prenant la forme d’occupations.

Résumé du projet

Réfléchir autour de la thématique de la dépossession nous amène, inévitablement, au cœur de la ville où les nouveaux développements du centre-ville de Québec tendent à priver les résidents de leur environnement habituel, les obligeant à s’exiler. Ainsi, l’idée de travailler avec cette thématique nous ramène-t-elle aux problématiques que soulève le fait d’« avoir un problème de santé mentale », situation où les gens se retrouvent souvent dépossédés de leurs droits, de leur pouvoir, de leur espace, de leur milieu, etc. Aussi, souhaitons-nous proposer aux artistes de se pencher sur les processus qui régissent l'idée de dépossession afin que leurs interventions initient des déplacements réels ou symboliques, en continu et provoqués, jouant ainsi avec l'idée des effets du nomadisme obligé. En conséquence, ceux-ci seraient invités à occuper un logement provisoire, des vitrines de magasins converties, pour l'occasion, en logis éphémères ainsi que des camions de déménagement qui seraient ouverts au public et qui circuleraient continuellement dans la ville.

Description du projet

Avec ce projet, nous souhaitons amener les artistes à réfléchir et à questionner la notion de dépossession en explorant trois aspects « lieux » qui nous semblent pertinents vis-à-vis des processus régissant cette thématique, soit : la ville, le logement et le corps comme lieux confrontés à des déplacements. Nous désirons mettre en évidence ces glissements d’un lieu à l’autre; par exemple, ceux du corps dans la ville, du corps dans son espace de vie (le logement), en interaction dans la ville et vice versa. Nous pensons ainsi soulever un questionnement pertinent sur ces différents lieux/territoires en déplacement constant et, nécessairement, amener la réflexion jusqu’à l’idée de nomadisme obligé que provoquent de nouveaux enjeux politiques et sociaux, où l’idée même de la ville et de son expansion passe avant certaines réalités sociales importantes. À cet effet, l’événement se déroulerait en des points stratégiques de la ville de Québec où les nouveaux développements amènent des modifications, des « améliorations » qui privent les résidents de leur environnement habituel, les obligeant ainsi à s’exiler continuellement.

Nous souhaitons proposer aux artistes de se pencher sur certains processus propres à l’action de « de déposséder quelqu’un de son bien ». Aussi la ruse, le détournement et le mensonge deviendraient-ils stratégies opérantes dans leur projet. Pour ce faire, nous souhaiterions qu’ils proposent, dans leur travail, des déplacements réels ou symboliques, en continu et provoqués, jouant ainsi de l'idée même des effets néfastes de ces déplacements imposés.

Les artistes seraient amenés à occuper un logement collectif, trois vitrines de magasins ainsi que quatre camions de déménagement, loués pour l’occasion. Nous croyons qu’ils pourraient y habiter et les investir durant les sept jours – jour et nuit – puis, déménager afin de provoquer une circulation entre les différents lieux : de l’appartement aux vitrines, d’un camion à l’autre, de vitrines en camions, etc. Les camions feraient, ainsi, office de logis de passage, de zones de transfert proposant une série de liens entre artistes / appartement / camions / vitrines / déplacements / habitat / ville. Nous désirons mettre de l’avant l’idée de déplacement incessant afin que les artistes, eux-mêmes, soient continuellement en état de transfert, de mutation, d’insécurité et de précarité. De cette façon, ils seraient amenés à évoluer vers une sorte de performance collective, en mouvance, où chacune des visites du public viendrait ponctuer symboliquement des temps d’expositions éphémères, des temps d’arrêt. Nous souhaitons, enfin, que le public qui circule dans la ville – puisque nous nous installerons dans des lieux stratégiques – se questionne sur le pourquoi de ces déplacements proposés, sur les changements qui auront lieu au cours d’une même journée, de jour en jour. Les vitrines, les camions ainsi que le logement devenus des espaces de vie en perpétuelle transformation feraient ainsi l’objet d’un intérêt particulier et, surtout, d’une réflexion inhérente à leur transformation et à leur déplacement dans l’espace de la ville.